L'ACRF partage avec nous le compte rendu du colloque de décembre. C’était le titre du colloque que le mouvement ACRF – Femmes en milieu rural a organisé avec Nature & Progrès et VSZ en décembre dernier. Il faut dire qu’entre le fipronil, les pesticides et les maltraitances animales dans des abattoirs, l’année 2017 n’avait pas de quoi nous mettre en appétit. Des experts nous ont (en partie) rassurés.
Entre la colère des éleveurs face à la campagne « 40 jours sans viande », les images choquantes d’animaux maltraités dans des abattoirs flamands et les fausses rumeurs sur l’interdiction faite par l’Agence Fédérale de la Sécurité Alimentaire (AFSCA) d’apporter un gâteau « fait maison » à l’école… L’année 2017 a été riche en rebondissements dans le monde agricole. Le colloque organisé conjointement par nos trois organisations de consommateurs était l’occasion de faire le point. Ce mois-ci, focus sur le bien-être animal et les pesticides. Un article sur le fonctionnement de l’AFSCA suivra prochainement. Les policiers du bien-être animal Après des vidéos choquantes tournées en caméra cachée dans des abattoirs français et largement relayées chez nous via les réseaux sociaux, la Belgique (la Flandre) a aussi connu ses « scandales » en matière de bien-être animal, en 2017. Des maltraitantes sur des porcs, à l’abattoir de Tielt, et sur des bovins dans celui d’Izegem, ont défrayé la chronique. L’occasion de se demander comment sont organisés les contrôles dans ce domaine. Élisabeth Bernard et Bruno Cardinal, vétérinaires, membres de l’Unité Bien Être Animal, créée en 2015, au sein du département wallon de la police et des contrôles ont présenté leur service, composé de 17 personnes. En 2017, l’unité a ouvert plus de trois mille dossiers. Une partie sur base de plaintes (2000) et d’informations transmises par l’AFCSA lors de ses propres contrôles, mais l’Unité mène aussi ses propres contrôles, planifiés mais pas annoncés dans les laboratoires, les abattoirs (minimum une fois par an). Il n’y a en revanche pas de contrôles systématiques chez les exploitants agricoles. En 2016, environ 10 % des exploitations ont été contrôlées. Parfois, les agents BEA doivent se rendre sur place. « Même si je ne porte pas d’uniforme, je suis agent de police judiciaire, explique Élisabeth Bernard, coordinatrice de l’unité. Souvent, on nous prend pour des gens de la protection animale, mais nous sommes des fonctionnaires, qui travaillons de façon la plus objective possible, même si on peut comprendre le côté émotif lié à ce sujet. » Il faut savoir également qu’un chargé de mission de l’UBEA procède à un examen ante-mortem de tout animal abattu. En cas de maltraitance, on peut programmer un contrôle dans l’exploitation d’origine. Dans les abattoirs où plus de 1000 bêtes sont abattues par an, un autocontrôle est également assuré par un responsable du bien-être animal. Que contrôle-t-on ? Les agents se basent sur des feuilles de route pour vérifier que les animaux sont aptes au transport, que celui-ci n’est pas trop long, que l’abattage et les opérations connexes se font dans le respect du bien-être animal (étourdissement, etc.). Dans les abattoirs, la structure des bâtiments (largeurs des couloirs), la formation du personnel sont également contrôlés. « Par rapport au nombre de dossiers ouverts, le nombre de procès-verbaux dressés (46 pour des exploitations et 3 pour des abattoirs en 2017) est assez faible », estime l’agent Bernard. De nouvelles règles en 2018 ? Il existe un projet d’arrêté wallon qui devrait être voté en 2018. S’il passe dans son état actuel (ce qui est probable, selon Bruno Cardinal), il prévoit : - Une autorisation BEA délivrée aux abattoirs qui prouvent qu’ils respectent la loi. « Ainsi en cas de problème, on leur retire l’autorisation. » - De la formation continuée. « Le certificat de compétences obligatoire pour pouvoir abattre un animal est trop peu exigeant à ce stade », estime le vétérinaire Bruno Cardinal. - De la vidéo-surveillance, avec dérogation possible pour les petites structures. - Une notification obligatoire de cas de maltraitance constatés. « Les vétérinaires déjà obligés de signaler certaines maladies, on mettrait la même chose en place au niveau de l’abattoir sur le plan du bien-être animal. » Pesticides, stop ou encore ? Wallonie sans pesticides, renouvellement de l’autorisation du Glyphosate par l’Union européenne… Si une telle saga sortait en grand feuilleton de l’été, on signerait des deux mains. Sauf que c’est tout sauf de la fiction et qu’entre des agriculteurs qui disent ne pas être en mesure de renoncer aux pesticides (« il y a va de la survie de ma ferme ») et une opinion publique qui s’en méfie de plus en plus (« il y va de notre santé »), le sujet est devenu une véritable sujet de société. Très clivant ! Bonne nouvelle : le plan wallon de réduction des pesticides est sur les rails. Et, selon Steve Braem, de l’Association belge de recherche et d'expertise des organisations de consommateurs (AB-REOC), contient de très bonnes idées. « Reste à espérer qu’elles seront appliquées, car les plans régionaux et fédéral ne sont pas dans des directions suffisamment convergentes, selon moi. » Moins bonne nouvelle, en tout cas aux yeux des 1,3 millions d’européens qui ont signé la pétition demandant l’interdiction du glyphosate, la molécule présente dans le célèbre RoundUp de Monsanto a été autorisée pour cinq ans de plus dans l’Union européenne. Pour rappel, le glyphosate est classé comme « cancérogène probable » par le Centre international de Recherche contre le Cancer (CIRC), rattaché à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). La Belgique et la France étaient parmi les neuf pays opposés à cette autorisation. Chaque État Membre est libre de l'interdire sur son territoire. En Wallonie, l’utilisation (qui relève des régions) du glyphosate par les particuliers est interdite depuis le 1er juin 2017. Paradoxe : la vente (du ressort fédéral), elle, ne l’est pas encore… Maïder Dechamps
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